Amertume
Qu’est-ce qui chancelle ?
Près des rails,
plombés et distants,
ils attendent et ils savent
ce que je ne sais pas.
Le ciel tarde, rétif sous les nuages borgnes.
Et je fredonne,
opiniâtre,
près de la balustrade qui vrille.
Que devrais-je savoir que les enfants ne savent ?
Le matin bien sûr, que mon haleine se retient,
que les bruits hésitent, mouillés, poreux,
le matin blanc,
mais pas ce matin aux lambeaux de la veille
noueuse, grasse.
Qu’est-ce qui chancelle ?
Et qu’est-ce qu’il me reste,
hors ces deux yeux de loup amis
et où ?
Que sais-je encore, matin bancal ?
Par les pans de brume rebelle,
je nous souris crânement,
puis je m’attache.
Oui, oui, tout va bien.
D’ailleurs, vos yeux injurieux ne leur ressemblent guère.
J’attendrai.
Doux et sauvage,
je guetterai leurs passages.
S’ils ne passent pas ?
Je ne sais pas.
…
De choses et d’autres
Qui seras-tu dans ton grand manteau bleu ?
Mêleras-tu tes cheveux clairs,
machinale,
quand je jouerai dans tes yeux ma fortune ?
Et devrais-je parler des rêves sur ta peau,
pour allumer enfin tes parfums chiches ?
Ou riras-tu soudain à me voir,
ébouriffé,
glaner pitance au bout de ton haleine ?
J’ai peur d’entendre
mes mots crispés et gauches
nouer l’écheveau
de ton sourire de verre.
…
A rebours
Hier la mer,
demain le feu de ton visage.
Puis, réparatrice, la nuit,
libre des réverbères,
et moelleuse sous les cimes qui tanguent.
Alors je saurai
ce qu’il me reste d’haleine,
pour remonter la joie d’un matin vert.