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Quelle intention littéraire ?

Faire parler le veilleur

La plupart du temps, nous sommes engagés dans nos actions, possédés par nos sentiments, immergés dans nos réflexions. Quelquefois cependant, nous sommes attentifs à ce que nous faisons, éveillés à ce que nous ressentons et pensons.

On remarque alors que nous ne sommes pas une personne, la même personne, que nous sommes contradictions, que nous ne sommes pas la somme de nos comportements, de nos désirs, de nos volontés, que nous ne sommes jamais pleinement nous-mêmes, mais que nous nous prêtons à une multitude de rôles réducteurs.

On remarque aussi que plus nous rentrons en nous, plus nous étendons notre nature et notre champ de référence, comme si le prisme de la conscience, en creusant notre singularité, nous ouvrait à l’universalité, à la présence pure dont le veilleur quelque part en nous serait le dépositaire.

Par un langage démiurge

Souvent, lorsque nous parlons, nous prêtons notre voix à des mots qui nous sont étrangers. Nous nous surprenons parfois à emprunter des idées, des concepts, des valeurs, à un fonds de discours qui nous est tout à fait extérieur. Comme si nous étions le support d’une communication qui nous échappe totalement, tout en lui donnant corps.

La relation entre la langue et notre acte de parole est pareille à notre relation avec la vie : tantôt en phase, tantôt en rupture.

Dans mes écrits, il m’a paru intéressant d’exprimer cette ambiguïté fondamentale en alternant les moments d’intense présence et de dissonance et de suggérer le décalage existentiel qui apparaît quand la parole se brise sur la conscience.

Par une composition fragmentée

Pour faire parler le veilleur, dans un langage démiurge, une approche originale s’impose, différente des romans qui racontent des histoires, élaborent des intrigues, multiplient les péripéties, mettent en jeu des sentiments, des caractères, des comportements, inventent des lieux, distillent une chronologie.

Une approche fragmentée permet d’aborder le récit par différentes portes, offre une variété d’éclairages et de lectures, génère des espaces symboliques, des temps modulés.

Par une recherche d’expressivité

L’originalité d’un récit ne tient pas au choix du thème et des motifs, tous maintes fois traités, mais à la manière de les aborder.

Dans mes récits et mes poèmes, je m’efforce d’exploiter la force expressive du langage. Le choix des mots est dicté par leur qualité sonore, leur capacité à générer des rythmes, d’évoquer des émotions, des ambiances. Je recours beaucoup aux images, aux expressions, aux figures. Je varie la structure des  phrases par des descriptions minutieuses, des raccourcis, des ellipses, des silences, des mises en évidence, des césures. Elles s’enchaînent souvent par associations ou ruptures. Les registres sont variés, châtié – ordinaire, sophistiqué – simple, abstrait – concret, direct – suggestif, proche – distant.

Pas de récit sans lecteur

Le récit et le personnage principal se révèlent par touches, par fragments, à travers des situations, des observations, des interrogations, des rencontres. Il appartient au lecteur d’assembler les éléments et de se faire son propre récit.

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